mercredi 14 novembre 2012

De l'art de traverser la route à Delhi

Une nouvelle nuit dans le bus et me voilà débarquée à Delhi au petit matin.
Enfin... il est à peine 4h.
Enfin... nous sommes à peine à Delhi. En tout cas à une vingtaine de km encore du quartier de mon hôtel.
Au milieu d'une sorte de zone autoroutière indéterminée plongée dans le noir, sauf les feux des voitures, j'essaye de négocier un prix correct avec un rickshaw qui sait parfaitement que je ne peux que finir par craquer. A toute berzingue sur l'autoroute, je crains que mon sac glisse sur la route et il fait froid (rappel : je n'ai plus de chaussures fermées depuis qu'on me les a chourrées dans le train). Arrivée fantomatique dans le quartier Pahar Ganj où seul un flic maraudeur peut m'amener à mon hôtel camouflé dans une venelle. Un policier tout droit sorti d'un film de Charlie Chaplin : même bâton, même moustache. Mais moins drôle quand il me rackette de quelques roupies pour le service rendu. Je réveille le veilleur de l'hôtel, allongé en bas de la porte d'entrée vitrée, qui me refourgue une pauvre chambrette sans fenêtre avant de se recoucher.
J'ai trois jours à passer à Delhi avant de prendre l'avion. Grâce au Routard, je vous fais faire le tour de la ville... 

Mais qu'est-ce qui m'a pris de vouloir visiter Delhi à pieds ?

Sur le plan ça a l'air faisable, mais je découvre à mes frais que Delhi, c'est grand. Très très grand. Du coup je peux marcher pendant une demie-heure le long d'avenue à 4 voies totalement inintéressantes. Ceci dit, cela me permet de perfectionner ma technique de traversée de route dans un trafic dense. Très très dense.
La technique du toreador (rentrer les fesses puis le ventre en un mouvement ondulatoire réitéré), apprise au Caire, me paraît encore trop dangereuse sans yeux dans le dos.
Celle de la gazelle (foncer en sautant pour avoir l'air néanmoins gracieuse et éviter les pare-chocs entreprenants) s'avère un peu hasardeuse.
Et je me suis lassée de celle de la tortue consistant à poireauter, un pied sur le trottoir, l'autre ostentatoirement engagé sur la chaussée, jusqu'à ce qu'un événement improbable laisse un vide entre les voitures (carambolage, intervention policière, automobiliste distrait, tombée de la nuit).
Lasse, j'ai opté finalement, en observant les autochtones, pour la technique du ratissage, consistant à coller d'autres gens pour avancer en rangée tous d'un même pas, colonne de voiture après colonne de voiture. Il faut juste s'arranger pour ne pas être exposé en début de rangée et faire gaffe à l'effet domino. La complexité est quand le meneur de rangée (qui n'a rien demandé) utilise la technique de la tortue. Mais en même temps, n'est pas martyr qui veut ! La variante du troupeau est encore plus aléatoire.
Il n'en reste pas moins que marcher, malgré tous ces inconvénients, peut s'avérer plus rapide que de négocier un rickshaw, comprendre le système de bus, ou passer les contrôles de sécurité du métro. Très beau métro néanmoins, avec ce confort que je réclame de mes voeux à Paris : les voitures spéciales pour femmes. C'est aussi dans le métro que je croise une installation que je croyais rencontrer dans la jungle des Naxalites : une barricade de gros sacs au milieu d'un couloir, avec un vrai soldat derrière en position snipper pointant sur l'entrée de la station. Wouaw.

Ci-dessous une vue de New Delhi, assez mensongère quant au trafic dense décrit ci-dessus. C'est que quelques fois il y a quand même des feux qui passent au rouge...

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