Aujourd'hui
Louis est invité à présenter devant les étudiants de l'Institut
la personne de Giuseppe Lanza del Vasto dont il a été disciple et
compagnon, tout comme Lanza del Vasto était disciple de Gandhi.
L'occasion pour moi d'en savoir plus sur ce personnage charismatique,
fondateur de la Communauté de l'Arche.
Lanza
del Vasto est né au début du XXe siècle d'une famille
aristocratique ; il a fait ses études de philosophie à Paris et en
Italie au moment où la deuxième guerre mondiale se préparait. Vers
1931-1932, Gandhi vient à Manchester et explique à ceux qui n'ont
plus de travail pourquoi l'exploitation du coton indien leur a été
enlevée. Lanza del Vasto est sous le charme et part le rejoindre en
Inde où il se forme auprès de lui pour retourner
ensuite enseigner ses principes en Europe. En 1942, il publie le
succès mondial : “le pèlerinage aux sources”. En 1948, il fonde
la première communauté de l'Arche et visite des groupes dans le
monde entier un peu partout pour diffuser la pensée gandhienne.
L’Arche a développé des activités de filage, tissage, fabrication de
papier recyclé en réveillant des savoir-faire perdus. Lanza del
Vasto a aussi lutté contre la torture dans la guerre d'Algérie, ses
premiers compagnons s’enchaînant place de la Concorde avec ce
slogan : « nous sommes nous aussi des suspects ». De plus
en plus de gens se sont dits d'accord avec la non-violence et le
gouvernement lui-même ne savait plus quoi faire pour justifier des
actes violents contre des actes non violents.
La
lutte contre le nucléaire civil et militaire a marqué les années
60. Un autre grand combat : le Larzac, petit camp militaire qui
devait être agrandi. Lanza est allé voir les paysans révoltés et
en a fait des militants convaincus de la non-violence. De là, la
première décision des paysans est de s'engager à ne pas vendre
leurs terres à l'armée. Ils plantent 103 arbres sur la route
principale du Larzac comme symbole de cet engagement. Certains
étaient d'anciens colonisateurs en Afrique et se sont rendus compte
de la ressemblance entre l'occupation en Afrique et l'occupation de
leur terre par l’État. Ils décident d'aller sur le terrain
militaire, de labourer les terres et cultiver des graines pour les
envoyer en Afrique. Des centaines d'actions ont eu lieu, dont une
marche en tracteurs de 600 km et 300 moutons sous la Tour Eiffel
parce que « la terre fait vivre, les armes font mourir ».
Des centaines de milliers de personnes appliquent le mot d'ordre de
ne plus payer l'impôt à l'armée mais acheter des terres dans un
groupement foncier agricole. En 1981, juste après la mort de Lanza
del Vasto, Mitterrand abandonne le projet. Aujourd'hui, l'Arche
continue d'exister de façon un peu différente qu'à l'origine.
Nous
avons aussi aujourd'hui l'occasion de visiter un séminaire
catholique surprenant. La plupart des Chrétiens d'Inde suivent le
rite occidental, mais pas ceux du Kerala (région d'origine de ces
séminaristes) qui se réclament du rite byzantin. Pour autant, comme
le Père nous l'explique : « Notre foi est chrétienne
mais notre culture est indienne ». La représentation de la
Vierge Marie est donc déroutante et encore plus celle de Jésus
représenté dans la position du lotus avec la position des mains du
Bouddha. Pas de syncrétisme m'explique-t-on, car le rite n'est pas
changé, mais une adaptation culturelle qui met en valeur comme dans
les autres lieux gandhiens la cohabitation harmonieuse des religions.
Ainsi, dans l'église, des symboles tribaux, hindous, bouddhistes,
musulmans cohabitent-ils avec les symboles chrétiens. Intéressante
représentation également des étapes de la Passion à la mode
indienne.
Au
Musée des arts villageois, nous retrouvons la présentation des
techniques, outils et arts traditionnels locaux, et visitons les
ateliers de filage, tissage et imprimerie du khadi, ce tissu en coton
symbole de l'émancipation économique indienne sous le joug
britannique.
Le rouet pour filer le coton, dont la roue "shakra" est devenu le symbole de l'Inde |
Pour notre dernière soirée avec les étudiants de l'Institut, nous leur proposons de tester l'Anterdrau sur "Dans les prisons de Nantes" : on abrège assez vite devant la difficulté de la tâche. Lucile préférera les (nous) initier à danser la Capucine et autres rondes enfantines mais qui les font bien rire, de même pour une chanson à répétition que je ressors de mes années de colo, dont la gestuelle et le ton expressifs les amusent beaucoup.
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