mardi 9 octobre 2012

Lanza del Vasto, fer de lance de la non-violence en Occident

Aujourd'hui Louis est invité à présenter devant les étudiants de l'Institut la personne de Giuseppe Lanza del Vasto dont il a été disciple et compagnon, tout comme Lanza del Vasto était disciple de Gandhi. L'occasion pour moi d'en savoir plus sur ce personnage charismatique, fondateur de la Communauté de l'Arche.
Lanza del Vasto est né au début du XXe siècle d'une famille aristocratique ; il a fait ses études de philosophie à Paris et en Italie au moment où la deuxième guerre mondiale se préparait. Vers 1931-1932, Gandhi vient à Manchester et explique à ceux qui n'ont plus de travail pourquoi l'exploitation du coton indien leur a été enlevée. Lanza del Vasto est sous le charme et part le rejoindre en Inde où il se forme auprès de lui pour retourner ensuite enseigner ses principes en Europe. En 1942, il publie le succès mondial : “le pèlerinage aux sources”. En 1948, il fonde la première communauté de l'Arche et visite des groupes dans le monde entier un peu partout pour diffuser la pensée gandhienne.
L’Arche a développé des activités de filage, tissage, fabrication de papier recyclé en réveillant des savoir-faire perdus. Lanza del Vasto a aussi lutté contre la torture dans la guerre d'Algérie, ses premiers compagnons s’enchaînant place de la Concorde avec ce slogan : « nous sommes nous aussi des suspects ». De plus en plus de gens se sont dits d'accord avec la non-violence et le gouvernement lui-même ne savait plus quoi faire pour justifier des actes violents contre des actes non violents.
La lutte contre le nucléaire civil et militaire a marqué les années 60. Un autre grand combat : le Larzac, petit camp militaire qui devait être agrandi. Lanza est allé voir les paysans révoltés et en a fait des militants convaincus de la non-violence. De là, la première décision des paysans est de s'engager à ne pas vendre leurs terres à l'armée. Ils plantent 103 arbres sur la route principale du Larzac comme symbole de cet engagement. Certains étaient d'anciens colonisateurs en Afrique et se sont rendus compte de la ressemblance entre l'occupation en Afrique et l'occupation de leur terre par l’État. Ils décident d'aller sur le terrain militaire, de labourer les terres et cultiver des graines pour les envoyer en Afrique. Des centaines d'actions ont eu lieu, dont une marche en tracteurs de 600 km et 300 moutons sous la Tour Eiffel parce que « la terre fait vivre, les armes font mourir ». Des centaines de milliers de personnes appliquent le mot d'ordre de ne plus payer l'impôt à l'armée mais acheter des terres dans un groupement foncier agricole. En 1981, juste après la mort de Lanza del Vasto, Mitterrand abandonne le projet. Aujourd'hui, l'Arche continue d'exister de façon un peu différente qu'à l'origine.



Nous avons aussi aujourd'hui l'occasion de visiter un séminaire catholique surprenant. La plupart des Chrétiens d'Inde suivent le rite occidental, mais pas ceux du Kerala (région d'origine de ces séminaristes) qui se réclament du rite byzantin. Pour autant, comme le Père nous l'explique : « Notre foi est chrétienne mais notre culture est indienne ». La représentation de la Vierge Marie est donc déroutante et encore plus celle de Jésus représenté dans la position du lotus avec la position des mains du Bouddha. Pas de syncrétisme m'explique-t-on, car le rite n'est pas changé, mais une adaptation culturelle qui met en valeur comme dans les autres lieux gandhiens la cohabitation harmonieuse des religions. Ainsi, dans l'église, des symboles tribaux, hindous, bouddhistes, musulmans cohabitent-ils avec les symboles chrétiens. Intéressante représentation également des étapes de la Passion à la mode indienne. 

Au Musée des arts villageois, nous retrouvons la présentation des techniques, outils et arts traditionnels locaux, et visitons les ateliers de filage, tissage et imprimerie du khadi, ce tissu en coton symbole de l'émancipation économique indienne sous le joug britannique. 
Le rouet pour filer le coton, dont la roue "shakra" est devenu le symbole de l'Inde
Pour notre dernière soirée avec les étudiants de l'Institut, nous leur proposons de tester l'Anterdrau sur "Dans les prisons de Nantes" : on abrège assez vite devant la difficulté de la tâche. Lucile préférera les (nous) initier à danser la Capucine et autres rondes enfantines mais qui les font bien rire, de même pour une chanson à répétition que je ressors de mes années de colo, dont la gestuelle et le ton expressifs les amusent beaucoup.

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