Nous
sommes obligés de quitter la Marche pour suivre les consignes de
sécurité d'Ekta Parishad concernant les internationaux ; nous la
retrouverons dans quelques jours. A peine arrivée à l'hôtel, je me
retrouve en direct de l'émission "Allô la planète" d’Éric Lange pour raconter cette expérience. J'essaye de faire
passer le message des marcheurs au maximum, même s'il m'interroge
sur ma capacité d'adaptation à l'Inde dans ces conditions : comment
lui dire à quel point les petits soucis gastriques des voyageurs que
nous sommes sont ridicules à côté des problèmes de ces paysans
qui ne mangent pas à leur faim tous les jours...
Bref,
nous rejoignons ensuite l'équipe d'Alter éco, entreprise française
de commerce équitable.
Ils sont venus à 20 pour assister entre
autres à la Marche : des salariés, venus à leurs frais et sur
leurs congés pour retrouver les valeurs d'origine de l'entreprise au
contact de la réalité de leurs producteurs indiens, dont certains
représentants du Darjeeling sont présents. Alter éco a par
ailleurs eu la bonne idée de proposer à des producteurs français
de l'agriculture biologique en Charentes-Maritimes de se joindre à
leur délégation. La discussion entre nous tous porte donc
rapidement sur les problématiques agricoles, notamment sur les
similitudes des situations des paysans* en France et en Inde, toutes
proportions gardées : difficulté d'accès à la terre, pression du
marché, résistance contre la monoculture intensive... Trop de
choses à se dire... qui intéressent notamment Anne, de notre
groupe, qui travaille entre la Confédération paysanne et Semences
paysannes, et Joseph qui compte bien cultiver son lopin de terre un
jour. Mais nous quittons cette discussion un peu vite pour manger
avant de prendre le train de nuit pour 14h de trajet au Sud vers
Sewagram, dans la région du Maharashtra.
Sur
le quai de la gare, des gens dorment à même le sol ; difficile de
savoir s'ils vivent là où s'ils attendent leur train. Notre voiture
est composée de compartiments où les banquettes se transforment en
couchettes assez moelleuses. On a des places numérotées, donc c'est
presque le grand luxe. Il faut un peu négocier avec nos voisins mais
tout le monde trouve sa place au bout d'un moment, sur 3 étages, et
on éteint les feux, bercés par le roulement de la bête.
Lucile au petit matin |
Vers 6h du
matin, le business des marchands du train reprend, et ce sera tout le
long du trajet un festival de propositions commerciales en tous
genres, avec aussi des vendeurs qui montent dans les voitures à
chaque station : bananes, tchaï et café, cacahuètes, jouets en
plastique, journaux, eau, un vendeur de pop corn avec un sac
immense... des mendiants aussi, hommes estropiés ou femmes avec
bébé. Et puis tout à coup deux petits gamins plus ou moins
déguisés qui surgissent devant nous en faisant des acrobaties dans
l'allée centrale pour demander la pièce. On sympathise avec notre
voisin de banquette et aussi avec une dame qui ne parle pas un mot
d'anglais. Philippe a, pour ce genre de rencontres, un petit album de
photos de France qui permet d'échanger avec les gens, même sans trop
pouvoir parler, et d'ébranler certains de leurs clichés à eux
aussi (comme sur les SDF en France). 13h30 : ça ne fait pas de mal
d'arriver enfin. Tout de suite la chaleur tropicale de Wardha nous
tombe dessus.
Nous
arrivons à l'Institut d'études gandhiennes. C'est une sorte de
campus fait de maisonnettes éparses au milieu d'une végétation
luxuriante, d'oiseaux, d'écureuils, de crapauds et de bêtes en tous
genres. On nous emmène aussitôt sous une tente pour le déjeuner.
Nous sommes servis comme des rois par les étudiants du campus, sur
un plateau en aluminium : petit soupe de légumes, dal (légumineuses
en sauce), chapati (galettes), lait fermenté avec des céréales,
sauce aux légumes pimentée, riz, petit dessert sucré. C'est
délicieux et on sent déjà ici l'atmosphère calme et inspirée des
ashrams.
L'Institut
accueille 8 étudiants cette année, qui viennent après leur Licence
en divers domaines se former pendant une année à la pensée
gandhienne appliquée au travail social. Parmi eux, deux
Sud-Soudanais, un Népalais et évidemment des Indiens. Les études
se font en anglais. Comme dans tout ashram, la vie communautaire
propose un rythme quotidien assez marqué, depuis tôt le matin
jusqu'au dîner : prières, yoga, repas en commun, cours, lecture,
thé.
Pour lors, nous avons bien besoin de quelques heures de repos...
Super, Magali pour tous ces échos d'Inde. Peux-tu nous dire où en est la marche (répercussions médias locaux, etc...) ? Est-ce que de nouvelles personnes rejoignent la "longue marche ?"...
RépondreSupprimerMERCI !
J'ai été ravie de faire mon initiation sur le parcours Le Mans-Connerré en pensant à toi et avec des personnes qui te connaissent grâce à blog partagé chaque jour avec les marcheurs qui seront à Paris le 17 octobre !
RépondreSupprimerGrosses bises
"Tata"Françoise
Je suis ton périple avec beaucoup d'intérêt et d'émotion. J'aimerais participer à cette marche...Bravo Magali et merci de nous faire marcher avec toi par la pensée.
RépondreSupprimerClaudine
Merci pour ce partage d'émotions, de couleurs, de senteurs et de mémoires de toutes cette population de tout ce peuple indien si INCROYABLE qu'il faut le voir pour le croire.
RépondreSupprimerJ'aimerais y être, participer à cette transhumaine mais ne le pouvant physiquement, je me permets de vous accompagner par la pensée et le coeur.
Le bonjour à Anne